Les rencontres de KS-CS : Interview de Stéphane Estival, ESH Media
L’Association faîtière KS/CS Communication a demandé à Patrick Zanello d’interviewer des professionnels de la communication romande. Cominmag profite de ce pont de l’Ascension pour les publier sur sa plateforme afin de compléter la démarche lancée avec ses Cominmag Live auprès des agences de communication romande au temps du Covid-19.
Après quelques semaines de semi-confinement, comment allez-vous chez ESH Médias?
Nous n’avons pas eu jusqu’à présent vraiment trop le temps de nous poser cette question… En effet, toute l’entreprise a été, et est, toujours totalement occupée à gérer cette situation inédite : Le télétravail généralisé dans un premier temps, les RHT ensuite, les décisions sur l’organisation qui en découlent, la protection de nos employés du centre d’impression et des messagers, parfois des modifications de rythme de parution de nos journaux gratuits. Maintenant, ce qui est positif pour les équipes, dont il faut saluer l’engagement et la pugnacité, c’est que tout ce travail est récompensé par les retours des lecteurs, l’explosion des audiences numériques (jusqu’au doublement), le recrutement massif de nouveaux abonnés sur le digital, les remerciements de nos abonnés print pour lesquels la livraison quotidienne de nos titres constitue un lien irremplaçable. C’est bien la démonstration – si cela était nécessaire – du rôle essentiel que tiennent les médias locaux et, en ce qui nous concerne, du poids du Nouvelliste, d’ArcInfo et de La Côte sur leur marché et donc de leur place de médias leaders incontestés sur les territoires clés de la Suisse romande.
Comment s’organisent vos rédactions actuellement?
Tout d’abord, je ne peux pas oublier qu’au tout début de la crise sanitaire, le vendredi 20 mars, nos rédactions, et particulièrement celle d’ArcInfo, ont été durement touchées par la disparition brutale de Stéphane Devaux, son corédacteur en chef, des suites d’une défaillance cardiaque. Cela nous a tous marqué profondément. Maintenant, pour revenir à la situation actuelle, nos rédactions vivent des moments exceptionnels durant lesquels leur mission d’information, d’accompagnement, de mise en valeur prend un sens tout particulier. Aujourd’hui, nos équipes rédactionnelles travaillent presqu’en totalité en télétravail et en horaire réduit d’environ 30 % notamment du fait du coup de frein sur l’actualité sportive et culturelle. Mais cela ne les a pas empêchés de faire preuve d’une grande créativité dans le suivi de la pandémie, de créer de nouveaux rendez-vous, de nouveaux formats (sur le numérique et sur le papier), de faire un travail considérable avec plus d’approches magazines, de services, de relais et de solidarité. L’immédiateté n’est pas la règle absolue. L’exigence et la qualité éditoriale guident le travail de nos rédactions.
C’est quoi le monde d’après pour vos médias?
Difficile de vous parler du monde d’après, la crise actuelle démontre bien que le monde est imprédictible dans beaucoup de domaines. Nous sommes dans un monde qui est devenu beaucoup plus instable. Ce qui est certain, c’est que la situation va transformer notre regard et notre ressenti et que notre travail actuel est partagé entre du pilotage du temps court et du temps consacré à la réflexion stratégique. Si personne ne peut prédire la forme que prendra la reprise, il est en revanche vraisemblable que le local prenne une part encore plus importante dans la perception de nos sociétés, et si tout le monde se serre les coudes, si toutes les forces vives de nos cantons se mettent ensemble, alors nos économies en sortiront renforcées et plus rapidement. C’est là que nos médias locaux doivent jouer un rôle important dans le prolongement de ce qu’ils font actuellement. Nous devons participer à la reprise, être un acteur majeur du changement qui s’annonce ; et au-delà, à la construction du monde de demain. Notre mission est de créer du lien social, de la confiance, de mettre en valeur ce que font les entreprises locales et les populations locales. Tous ensemble, nous pourrons relancer les économies et la vie culturelle et associative de nos cantons. Dans ce contexte, nous pouvons nous appuyer sur la légitimité de nos titres et la relation de proximité que nous avons développée, au fil des années, avec l’ensemble de nos publics, lecteurs et annonceurs, fondée sur l’écoute mais aussi sur la performance de nos supports. Nos rédactions continueront à travailler dans ce sens. Notre régie, est au plus près de nos annonceurs pour les accompagner en lançant de nouvelles offres axées conseil et mix médias et s’appuyant sur un volume d’inventaires (digital et print) qui permet de mettre à disposition des solutions de communication les plus pertinentes. Nous allons aussi créer des services à la population spécifiques à l’après coronavirus.
Si on parle un peu business, quels sont vos gros challenges à venir?
Ce ne sont pas mes gros challenges mais les challenges de toute l’entreprise, de tout le groupe ESH Médias. C’est dès à présent de mettre en œuvre ce que j’ai développé aux points précédents pour accompagner les entreprises, les populations locales dans ces changements qui s’annoncent. Au niveau de la branche, nous avons aussi des discussions importantes avec les institutions autour de la mise en place d’aides nouvelles à la presse, dont l’objectif est de nous accompagner dans la transformation de nos métiers, déjà largement engagée mais qui va s’accélérer. Nous devons aussi renforcer les collaborations entre les médias locaux, qui sont plus que jamais indispensables.
Dans cette période spéciale, quel livre, quelle série, quelle chanson recommandez-vous aux membres de CS?
Je vais être court sur les séries car le soir je n’ai pas trop le temps de regarder la télévision. En musique, si vous voulez passer un bon moment je vous conseillerais de regarder le concert de David Bowie à l’Olympia en 2002 (on le trouve facilement sur internet avec une bonne qualité de son et d’image). Bowie magnifique, un groupe derrière lui d’une grande qualité. A déguster sans modération. Livre ? En ce moment « immortelle randonnée » de Jean-Christophe Ruffin, la simplicité et la sensibilité de l’écriture. Ou plus professionnelle, pour nous faire réfléchir, « La civilisation du poisson rouge » (petit traité sur le marché de l’attention…) par Bruno Patino pour nous faire réfléchir sur le rôle d’internet et des médias…